Réflexion sur l'Intelligence Artificielle en économie sociale

12-02-2024

Design sans titre

IA qu’à demander !

Bon, comme tu le sais déjà peut-être, l’intelligence artificielle (IA) est en train de changer la donne dans le monde et plus particulièrement dans celui des affaires (c’est la thématique du jour!). Pour faire simple, elle offre des possibilités intéressantes, mais pose aussi des questions éthiques compliquées. Pendant que de plus en plus d’entreprises adoptent cette nouvelle technologie, les entreprises sociales se demandent comment elles peuvent l’apprivoiser sans compromettre leurs valeurs (“l’humain avant le profit”) tout en améliorant leur efficacité.

Alors une question brûlante s’invite :

Entre questions éthiques et efficacité, comment les entreprises sociales peuvent-elles s’emparer de l’IA (ou pas) ?

Pour y répondre, Jeremy Scala formateur et codeur au Monde des possibles à Liège (centre de formation socio-profesionnel) et Maryse Colson responsable RH chez Euranova (entreprise spécialisée dans le traitement de données via l’IA), nous partagent leur expérience et utilisation sur le terrain.

IA Insights

 

Jeremy Scala – Formateur et codeur au Monde des Possibles.

 

« On cherche à intégrer des cours sur l’IA pour autonomiser les apprenants. »

 

Au Monde des possibles, Centre de formation socio-professionnel, l’IA est un outil rédactionnel pour ses formateurs.

“Pour créer mes cours et coder, j’utilise principalement l’IA, notamment ChatGPT, qui simplifie l’organisation de mes idées et facilite la programmation web.”, nous explique Jeremy.

Elle remplacerait même Google dans certaines situations grâce à son approche conversationnelle. Une application IA lui suggère des bouts de code pendant la rédaction de ses cours, rendant le processus plus efficace.

“Au Monde des Possibles, on utilise ChatGPT* et Bard* pour améliorer nos phrases dans les appels à projets, rédiger des mails, ajuster le ton en fonction des interlocuteurs, et trouver des idées d’ateliers. On cherche à progressivement intégrer des cours sur l’IA dans Sirius (nom de la formation donnée par Jeremy) pour autonomiser les apprenants.

Une démarche qui illustre comment préparer les apprenants de Sirius à tirer pleinement parti de l’IA, les rendant ainsi plus autonomes et compétents dans un monde numérique en constante évolution.

“ Rumexperts, une entreprise Belge, utilise l’IA pour prévenir certains problèmes graves de reproduction ou de santé dans un troupeau.”

– Maryse Colson – Responsable des RH chez Euranova.

« L’IA ne va pas remplacer l’être humain, elle le soutient »

 

Chez Euranova, entreprise spécialisée dans le traitement de données et experte en intelligence artificielle, Maryse Colson nous explique que l’intelligence artificielle a tout-à-fait sa place dans l’économie sociale : “L’IA ne va pas remplacer l’être humain, elle le soutient, en particulier pour les tâches fastidieuses et répétitives. l’IA est avant tout un outil, pas une fin en soi.”

L’intelligence artificielle est capable de lire des données à très grande vitesse et de permettre de réaliser des actions complexes. Plus les données que l’on prodiguera seront qualifiées, plus les réponses seront précises. Attention, l’intelligence artificielle n’est pas parfaite. Parfois, elle peut donner des réponses incorrectes en raison d’informations fausses ou manquantes. En plus, elle ne peut pas faire tout le travail à la place des humains. Elle ne sait pas raisonner comme nous ni comprendre certains contextes. C’est pourquoi il faut trouver un équilibre entre l’IA et le savoir-faire humain pour avoir les meilleurs résultats.

« Au Royaume-Uni, IKEA a adopté des poubelles intelligentes qui utilisent l’IA pour réduire le gaspillage alimentaire dans les restaurants. »

 

L’IA, d’accord, mais à quel prix ?

L’utilisation de l’intelligence artificielle peut coûter cher au départ et nécessiter des compétences avancées, ce qui peut être difficile pour les petites organisations ou celles disposant d’un budget limité.
De plus, si l’IA fait le travail automatiquement, cela peut parfois sembler impersonnel, avec le risque de nuire aux relations humaines et à la compréhension des émotions des personnes aidées.
Enfin, quand l’IA collecte beaucoup de données, il y a des inquiétudes sur la confidentialité, surtout dans les services sociaux où protéger les informations personnelles est très important.
Cependant, “L’IA n’est pas une révolution, c’est l’évolution des progrès informatiques en marche depuis 1950” explique Maryse dans une de ses conférences données en 2016.

“Les entreprises sociales réinventent certains codes des entreprises classiques”

Elles peuvent donc aussi donner une nouvelle vision de l’IA. Si les entreprises économiques utilisent l’IA pour baisser les coûts et augmenter les profits, les entreprises sociales pourront peut-être utiliser l’IA pour optimiser l’intelligence collective et le bien-être communautaire.
“Mettre un data scientist et un employé d’économie sociale dans la même pièce pour qu’ils discutent est sans nul doute la première étape d’évolution allant dans ce sens.” conclut Maryse.

Par exemple :

Optimisation de la chaîne d’approvisionnement pour les petits producteurs locaux : L’IA peut aider les petits producteurs locaux à prévoir la demande, à planifier la production et à gérer les stocks de manière plus efficace, favorisant ainsi une approche durable et évitant le gaspillage.

Formation personnalisée pour la réinsertion socio-professionnelle : L’IA peut concevoir des programmes de formation individualisés en fonction des compétences et des aptitudes des personnes en réinsertion, accélérant ainsi le processus d’acquisition de compétences professionnelles.

« Une start-up tunisienne Robocare utilise des drônes alimentés par l’intelligence artificielle pour détecter les maladies des plantes et le gaspillage d’eau. »

 

Alors quels conseils simples peut-on en retirer pour les entreprises sociales souhaitant intégrer l’IA de manière efficace et éthique ?

  • Comprendre ses besoins: Identifier clairement les défis auxquels vous êtes confrontés et déterminer comment l’IA peut y répondre.
  • Se former: apprendre ensemble, vous et votre équipe, pour avoir tous la même idée au sein de la structure.
  • Collaboration avec des experts: travailler avec des spécialistes en IA peut vous aider à adopter cette technologie tout en respectant les valeurs éthiques de votre projet.
  • Priorité à l’éthique: mettre l’éthique au premier plan de vos projets d’IA, en protégeant les données et en évitant les discriminations.
  • Évaluation régulière: vérifier souvent comment l’IA affecte votre entreprise sociale et ajustez si nécessaire pour de meilleurs résultats.
  • Transparence et responsabilité: être clair sur l’utilisation de l’IA et assumer vos responsabilités envers vos bénéficiaires et partenaires.
  • Communauté et partage : rejoindre des groupes d’entreprises sociales impliquées dans l’IA pour échanger des expériences et des conseils.

Ce que l’on retient !

En résumé, l’intégration plus poussée de l’intelligence artificielle (IA) pose des problèmes. Les grandes questions sont celles des coûts, de l’éthique et du risque de perdre le côté humain. Il faut vraiment trouver un bon équilibre entre les avantages pratiques de l’IA et les valeurs importantes de l’économie sociale, qui se concentre sur les gens et le bien-être communautaire.
Les entreprises sociales ont le pouvoir de changer la façon dont on utilise l’IA. Au lieu de seulement être un moyen d’économiser de l’argent, cette technologie peut aider et améliorer la société dans son ensemble. Dès lors, je vous encourage à réflechir à comment bien utiliser l’IA dans le domaine de l’économie sociale, en trouvant des solutions qui sont éthiques, inclusives et profitables pour tous.